Elections municipales de mars 2001 - Montreuil (Seine Saint Denis)
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Politique jeunesse

I- ÉTATS DES LIEUX ET ENJEUX
· La politique jeunesse ne concerne ni un service unique (le SMJ - Service Municipal de la Jeunesse) ni un domaine " fermé " de la politique municipale. Elle est transversale à différents services, et est souvent mise en oeuvre conjointement. Les domaines concernés : loisirs, vacances, sports, prévention (Conseil Communal de Prévention de la Délinquance, éducateurs de rue en nombre insuffisant : Rues et cités), sécurité (qui se focalise contre les jeunes), collèges-lycées, culture, social (notamment avec la mission locale), vie associative, santé. Urbanisme, déplacements et démocratie locale sont des domaines qui oublient de prendre en compte les problèmes spécifiques de la composante jeune de la population.
· Cette composante (il y a 25% de moins de 20 ans à Montreuil, selon le dernier recensement), ce sont des citoyens d'aujourd'hui, mais surtout de demain. Ils vivront dans la ville que nous faisons aujourd'hui. L'ensemble de la politique municipale doit se projeter dans ce devenir. Leur comportement d'aujourd'hui est aussi le produit de ce que nous avons fait ces dernières années (la précarité, l'urbanisme et la stigmatisation). Ces éléments sont à prendre en compte dans tous les aspects de la vie à Montreuil, méritent une sensibilisation de la population et une place importante dans la communication municipale.
· Le SMJ nage inévitablement dans de nombreuses contradictions : il produit, par le public qu'il se donne, la catégorie " jeunes ", mais ce sont souvent d'autres services qui interviennent auprès de cette catégorie. Ce découpage ne correspond pas au " vécu " quotidien des jeunes. Les autres services s'emparent de domaines d'intervention auprès des jeunes, ne laissant pratiquement que l'animation au SMJ. La coordination entre le SMJ et les autres services semble beaucoup trop faible, voir très difficile (impossible de ne pas pointer aussi les responsabilités du SMJ lui-même, dont la pratique est souvent celle d'un blockhaus défendant son territoire). Au niveau de la culture par exemple, la coopération du SMJ avec les institutions culturelles de la ville est faible, le DCP (Développement Culturel de Proximité) ne s'occupe guère des pratiques culturelles des jeunes et le SMJ semble se satisfaire d'un côté de gérer La Pêche (avec son point d'information jeunes), et de l'autre, de fournir des billets à tarif réduit pour des activités culturelles banales. Le SMJ a pour fonction politique officieuse (dans l'esprit d'un élu montreuillois moyen) d'occuper les jeunes les plus difficiles pour acheter la paix sociale.
· Corrélativement, le travail du SMJ (les animateurs, avec y compris leurs problèmes statutaires) est souvent dévalorisé aux yeux des autres services plus spécialisés (éducateurs de rue, activités sportives et artistiques). La reconnaissance professionnelle des personnels du SMJ est insuffisante. Les moyens du SMJ sont en baisse constante (voir le festival Musicolor, arrêté en 1996, repris en 2000, année pré-électorale). Le SMJ est contradictoirement accusé de ne pas savoir maintenir le calme et d'être monopolisé par un public de jeunes à problèmes, excluant le commun des jeunes. Inversement, pour les jeunes, il est le représentant de l'institution et il est pris pour cible de leur révolte.
· Les jeunes ne constituent pas une espèce de bloc, dont l'identité repose sur l'âge, avec une partie, un peu problématique qu'il faut traiter. Certes, il existe une communauté d'aspirations, de pratiques sociales et culturelles, voire de difficultés Mais c'est une population hétérogène, à l'instar de celle des adultes, traversée par des divisions liées aux origines culturelles et sociales, renforcées par la crise ou les crises. Les modes d'intervention en direction de la jeunesse des années précédentes, monolithiques et cloisonnés, ont accentué ces divisions : tranches d'âge, adultes/jeunes, géographique, culturelle....Les différenciations l'emportent sur la définition d'une unité d'âge (12 à 25 ans). Une intervention politique (voir I-2) est un facteur d'unification, moins fort d'ailleurs que la publicité commerciale constituant un type de consommateur " jeune ".
· La stigmatisation (dans les discours comme dans les actes) le rejet (qui n'est pas qu'un sentiment), les discriminations : tout cela est aussi un puissant facteur de la construction d'une catégorie " jeunes ". Les jeunes " en général " sont souvent tenus pour des sortes de pré-délinquants (voir le contrat local de sécurité tout entier " consacré " aux jeunes, voir la question des " incivilités ", uniformément attribuées aux jeunes et considérées comme de la délinquance) à l'origine de tous les phénomènes de violence. Au mieux, ils sont tenus pour irresponsables (même quand ils ont l'âge de voter), comme personnes " à structurer "... Le sentiment de "rejet", qui est éprouvé par de nombreux jeunes, au delà des manifestations d'intolérance, est souvent lié au sentiment que "tout leur est interdit", au sens où rien n'est accessible. Cela va des problèmes d'emploi, de logement, jusqu'aux loisirs, faire la fête ou tout simplement être là, dans certains cas. On peut se demander si la violence faite aux jeunes n'est pas la principale source de la violence des jeunes.
· Les associations de jeunes des quartiers, actives dans les années 93/95, ont pratiquement disparu de Montreuil. Celle de La Noue semble la dernière. Si le phénomène n'est pas propre à la ville, son ampleur est cependant particulière. Ces associations ont été brutalement rejetées par le Maire lors des municipales de 1995. Elles n'ont jamais été reconnues comme des partenaires à part entière. Certains des animateurs ont été recyclés dans le SMJ. L'idée d'un " conseil des jeunes " qui figurait dans la charte municipale de 1995, a été rapidement abandonnée, sous prétexte que les jeunes eux-mêmes n'en voulaient pas. Cela ne veut pas dire que les jeunes ne sont pas engagés dans des activités sociales et culturelles. Pratiquement absents des Conseils de quartier, ils sont très présents dans le domaine culturel (cf. récemment Baz'arts), associatif ou informel.
· Le bilan de La Pêche, emblème de la politique " jeunesse de Montreuil ", est contrasté. C'est une salle de concert reconnue au-delà de Montreuil, et fréquentée, mais financièrement non-équilibrée. Ce sont des studios pour de groupes, bien utilisés, bien appropriés, mais sans produire une implication des musiciens dans l'association qui gère le lieu. C'est une activité café-restaurant, principalement tournée vers le lycée. L'ensemble des activités n'est couvert qu'au 1/3 en 1999 par des recettes propres. La ville subventionne le reste du fonctionnement. Quant au matériel des studios (fourni initialement par la Ville), il vieillit, l'association n'ayant guère les moyens de le remplacer. Plus grave, ni le lieu, ni l'association gestionnaire, n'ont été " appropriés " par les associations de jeunes. La création de La Pêche a été largement vécue comme une dépossession des associations et un alibi (vitrine) pour la municipalité pour ne rien faire d'autre. Progressivement, l'association s'est vidée de ses jeunes. D'abord les associations de quartiers, puis les associations culturelles utilisatrices des studios se sont raréfiées. Lors de la dernière AG de l'association, en décembre 2000, il y avait 3 élus : 2 jeunes, l'expert-comptable et le directeur de la Pêche. Cela n'a donc pas grand chose à voir avec un lieu autogéré, ou seulement co-géré, avec des jeunes.
· Tous ces phénomènes ne sont pas purement montreuillois, et ont des causes beaucoup plus profondes qu'une politique municipale. Mais cette dernière ne permet guère d'appuyer les contre-tendances, de corriger des inégalités et de développer l'initiative citoyenne des jeunes. L'orientation " jeunesse ", adoptée en 1996, se fixait deux priorités : l'insertion sociale et professionnelle - la prévention. Elle était donc très réductrice. Elle a été effectivement suivie : création (avec Bagnolet et Romainville) d'une mission locale pour l'emploi des jeunes (très en retard sur les autres villes, comme dans la plupart des municipalités PC) - et contrat local de sécurité (tout cela échappant au SMJ...). On en est resté à une tradition de contrôle administratif et politique, de non-appel à la citoyenneté, d'achat de la paix sociale. Tout part d'en haut et doit s'inclure dans des dispositifs contraignants. Cela permet de partir en vacances mais ne contribue guère à la citoyenneté.
· Une rupture avec cette orientation est nécessaire. Montreuil doit s'ouvrir à sa jeunesse et non pas lui fermer des portes : partir " d'en bas ", des aspirations des jeunes (voir II-5).

II- FONDEMENTS ET ÉLÉMENTS D'ORIENTATION
1- La politique jeunesse doit concerner la plupart des services. Une structure de coordination et une responsabilité politique clairement affirmée sont nécessaires. C'est indispensable pour que cette politique ait le poids et la cohérence nécessaires.
2- Elle a besoin de personnes polyvalentes référentes (et pas seulement d'animateurs) par quartier : la présence humaine et les relations personnalisées au plus près des quartiers sont essentielles pour tisser des liens de confiance. Cette action doit être totalement indépendante du CLS (Contrat Local de Sécurité).
3- La politique publique de la jeunesse doit d'adresser à toute la population pour faire baisser le climat de rejet contre les jeunes, et combattre les préjugés. D'où l'importance de la communication, des activités intergénérationnelles, de l'ouverture de lieux multi-âges, des liaisons horizontales au niveau d'un quartier. D'où l'importance aussi de l'accessibilité pour les jeunes des équipements culturels et sportifs fréquentés par les adultes.
4- Elle doit s'adresser à tous les jeunes (d'où l'insuffisance de l'animation comme activité du SMJ), dans un souci de lutte contre les inégalités (avec donc aussi la nécessité de cibler les actions : la question des jeunes d'origine immigrée se place dans ce cadre). Elle doit favoriser l'accession aux droits.
5- La politique de la jeunesse doit mettre en oeuvre une intervention souple, décentralisée, diversifiée. Qui favorise la prise de parole et la prise d'initiatives. Qui prend le risque de l'expérimentation et de l'autonomie. Qui prend mieux en compte les attentes et accepte de remettre en cause un dispositif. Qui conjugue le formel et l'informel. Qui privilégie les démarches responsabilisantes. Qui s'adresse aux jeunes comme à des acteurs de leur vie, et non pas comme des objets politiques. Qui reviennent aux traditions de la démarche d'éducation populaire : les processus d'apprentissage des relations aux autres, les échanges, le multiculturel, les négociations plus que la confrontation, la recherche d'alliances, la positivation et la résolution non-violente des conflits, la perception des contraintes... Elle repose sur des valeurs partagées ou à faire partager : égalité des chances ou de traitement, tolérance, respect mutuel, ouverture sur le monde et les autres, échange de connaissances, épanouissement de la personne, responsabilité....
6- Permettre aux jeunes d'acquérir le sens du collectif (mélange, rencontre, solidarité...), et non de se constituer en clan ou groupe de pression, passe aussi par le développement de l'information et un véritable accès aux droits ( Aide et conseil pour ce qui ne relève pas de la politique municipale, mise en place de mesures particulières, pour ce qui est de sa compétence: santé, sport...)
7- Une telle politique doit être fondée sur la citoyenneté : une véritable démocratie ne peut se concevoir que dans ce cadre général et tenir compte des réelles aspirations à l'autonomie des jeunes sur tous les plans.
8- Dans cette démarche d'éducation populaire et d'autonomie, la culture et le sport occupent évidemment une place centrale : mise en place d'équipements bien sûr, mais aussi une politique qui favorise l'épanouissement et l'expression d'initiatives et en permettant l'accès à ces pratiques pour ceux qui en sont exclus.
9- De même pour les relations avec les collèges et les lycées. Un partenariat, même informel, évolutif, occasionnel ou permanent, mais en tout cas réel, doit être établi avec l'Education Nationale (ouverture de l'école sur le quartier, aux parents et au quartier, activités périscolaires, connaissance mutuelle...)
10- Cette politique doit être différenciée selon les classes d'âge et les insertions scolaires : collégiens et 12/15 ans - lycéens - jeunes majeurs, 18/25 ans. (note : actuellement, selon les activités, la ville sépare les tranches 12/25 ans, 12/15, 12/17, 13/17 ou 18/25)

 

III- PROPOSITIONS
1- Nous n'avons pas de politique jeunesse construite. Nous recherchons désespérément une politique jeunesse, et nous n'en trouvons pas les prémisses dans la politique actuelle. Nous avons des propositions à soumettre à la discussion.
2- Ré-orienter la communication municipale (dans son ensemble) concernant la jeunesse (travail sur les représentations, le symbolique, le multiculturel). Faire réaliser régulièrement des journaux municipaux avec un comité de rédaction " invité " de jeunes.
3- Renforcer le poids politique de l'adjoint " jeunesse " en lui donnant un droit de regard sur la dimension " jeunes " des politiques des autres services. Il doit piloter les réunions transversales sur cette question.
4- Embaucher et former davantage le personnel.
5- Développer le partenariat entre les services et davantage d'actions en commun avec les associations d'adultes ou de jeunes, les parents, les éducateurs, les secteurs du sports et des loisirs... sur le terrain, dans les quartiers. Cela suppose aussi une articulation avec les politiques contractuelles nationales (cf le contrat éducatif local, le contrat de ville, par exemple)
6- Mettre sur pied un système de coordinateurs jeunesse (référents) dans chacun des 11 quartiers, accessibles aux jeunes, présents sur le quartier, y compris tard le soir (ce qui implique plus d'un par quartier). Les relier aux services décentralisés (Responsables Techniques de Secteur ...).
7- Ne pas oublier que les réponses concrètes sur le terrain ne procèdent pas forcément d'un modèle unique d'intervention dans tous les quartiers : d'où l'importance de la transversalité entre les services à l'échelon d'un quartier (le découpage en 5 pour les Responsables Techniques de Secteurs est insuffisant).
8- Développer des réseaux de petits lieux, permettant l'informel, ouverts tard le soir qui permettent la convivialité et l'autonomie (à lier avec une réforme de la politique associative et culturelle), lieux pour notamment pour faire de la musique, avec salles de jeux, de détente, de dialogue, de travail… Défendre les cafés menacés par l'ordre moral des bons citoyens. Développer un véritable DCQ (Développement Culturel de Proximité) pour les jeunes aussi, et le rendre autonome par rapport à la municipalité (cf. l'expérience et la fonction de La Laiterie à Strasbourg)
9- Création de conseils de jeunes (12/15 ans, collégiens élus dans les 7 collèges de la ville) pour chacun des 11 quartiers ainsi qu'une assemblée (annuelle ?) des conseils de collégiens au niveau de la ville. Ces conseils de collégiens permettront de renforcer les liens collèges-quartier, et de donner la parole à tous les jeunes de cet âge.
10- Combiner 3 aspects différents : présence effective, actions de proximité, et actions d'ouverture : - Une présence effective dans tous les quartiers, qui peut être un référent : celui qui assure le lien, l'écoute, le dialogue, aide aux projets, suscite activités ou actions pilier du partenariat qui détecte les difficultés nécessitant interventions relais, garant des objectifs... - Une action de proximité, dans la lignée de l'éducation populaire ( dans le quartier) : cela comprend tout action à finalité éducative au sens large, qui permet de créer du lien, qui permet la relation aux parents, aux habitants, aux autres intervenants, qui permet de participer à la vie du quartier et par là favorise une meilleure intégration à la ville. - Les activités de loisirs, culturelles, de "connaissance du monde", d'échanges, qui elles sont synonymes de mobilité : elles se déroulent dans les équipements qui devraient être ouverts à tous ( âge et origine divers) dans toute la ville, voire d'autres villes ou pays... Elles sont l'occasion de pratiques, sorties, voyages et rencontres…
11- Développer la transparence des opérations vacances.
12- Mettre sur pied sous l'égide du SMJ, un centre de ressources : base de données des expériences associatives de jeunes. Réaliser une étude sur les modes de participation des jeunes à Montreuil et les situations de " hors-jeu institutionnel ". Et plus largement, développer l'accessibilité à Internet dans les quartiers et les lieux de jeunes.
13- Développer les traverses entre artistes, collèges et jeunes dans les quartiers.
14- Développer les terrains de proximité pour du sport hors-club au même titre que l'accessibilité aux installations traditionnelles. Cela implique l'existence d'animateurs spécialisés sur les questions sportives.
15- Création de nouveaux équipements au niveau de la ville : piste de VTT (aux Guilands ?), rollers, skate board, relance du ring de boxe ...
16- Étendre le système d'éducateurs de rues.
17- Favoriser la prise de relais quand nécessaire, par des professionnels de l'éducation, du secteur sanitaire et social, ou de la justice (CCPD). Transformer le CLS (Contrat Local de Sécurité)(ou le supprimer). Développer les LEA (Lieux Ecoute Accueil). Déconcentrer la Mission Locale.
18- Mettre en place une politique qui permette une concrétisation du droit au logement et du droit au travail, partie intégrante de la citoyenneté ( accès favorisé au logement social, concertation avec le secteur privé, mesures de soutien, cautionnement, aide à l'entrée dans les lieux...)
19- Porter une attention particulière aux phénomènes de violence entre jeunes et particulièrement envers les jeunes filles : mettre à disposition des lieux et des personnes pour l'écoute notamment.
20- Favoriser la créativité et la participation maximum des jeunes; notamment en tant qu'usagers et dans toutes les concertations de la vie locale.

 

ANNEXE : l'inventaire des lieux SMJ dans les 11 quartiers
République : rien
Croix de Chavaux : rien
Solidarité Carnot : Antenne Diabolo
La Noue : Antenne La Noue
Villiers Barbusse : rien
Centre Ville, Jean Moulin : La Pêche - Antenne Jean Moulin (12/17 ans)
Paul Signac, MAP : rien
Bel Air, Grands Pêchers : Antenne Belpêche (12/15 ans)
Ramenas : rien
Branly, Boissière : rien
Montreau, Ruffins : équipement enfance-jeunesse " La Passerelle "

A voir encore :
· les rapports d'activités de la Ville concernant le SMJ
· le programme municipal national des Verts
· le SMJ