Elections municipales de mars 2001 - Montreuil (Seine Saint Denis)

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Murs à vendre, sans pêches, mais avec pavillons

1°) Le projet municipal

10 ans après l'échec de sa ZAC et après avoir fait inscrire au SDRIF l'urbanisation à 80% du secteur, 10 ans pendant lesquels elle a laissé ce secteur à l'abandon, la municipalité a enfin dévoilé son projet d'urbanisation des MAP (Murs-à-Pêches), sur une zone de 50 ha, dont 38 ha en grande partie encore non-urbanisés. Elle propose au coeur même de la partie non urbanisée, la construction de 250 pavillons et l'extension de la ZI Saint-Antoine. En périphérie, elle propose des immeubles de bureaux et d'activités, des commerces et quelques logements collectifs.

Le projet se veut patrimonial : préserver 8 km de murs sur les 17 km existants - dont il est vrai certains en trop mauvais état pour être restaurés -, ce qui est un progrès par rapport à l'ex-ZAC. Sur les 38 hectares non constructibles, 8 seulement seront aménagés en espaces verts, ce qui est proche du minimum exigé par le SDRIF. Les 3 allées-jardins, traversant le secteur, inclueront des jardins familiaux et la moitié des murs préservés. Mais elles ne forment pas un secteur suffisamment compact et vaste pour donner à comprendre et à voir le système horticole lui-même, pour continuer à être à la campagne au coeur de Montreuil.

2°) Un projet inacceptable

Il n'y a plus guère de pêches sur les murs depuis le début du XXe siècle; il y restait peu de fruits ou de fleurs, mais il y restait la terre, un espace presque libre de toute construction. upprimez tout cela, mettez 2 ou 3 pavillons sur chaque parcelle entre deux murs, privatisez l'essentiel : il n'y aura plus que de simples murs mitoyens, des MAP (Murs-à-Pavillons). Ce n'est même pas nouveau : des centaines de mètres de murs ont déjà été incorporés à des pavillons dans plusieurs quartiers, une grande partie étant d'ailleurs détruite lors de leur construction (voir quartier Paul Signac). Ce projet ne permet pas la sauvegarde des murs. Les propositions sont d'une triste banalité : des lotissements pavillonnaires, comme on en voit tant dans les zones péri-urbaines, sur les terres agricoles gagnées à l'urbanisation. La zone était à l'abandon, en partie colonisée par des décharges et des déchetteries; mais elle gardait encore des aspects magiques (l'impression d'être à la campagne au coeur de Montreuil), des terrains disponibles pour répondre à la demande de jardins ouvriers et de fruits "bio", les restes d'un système horticole original qu'il est possible de reconstituer en partie, de mettre en valeur et de faire visiter sous forme d'un écomusée. Tous ces atouts pour l'avenir sont réduits à néant par ce projet.

Le projet municipal, s'il se réalisait, marquerait la fin du caractère unique et magique du lieu. Qui peut croire que la sauvegarde de 8km de murs - rendue d'ailleurs hypothètique sur le long terme, puisque l'espace a disparu dans sa globalité, et que la moitié des murs sera confiée aux futurs propriétaires de pavillons -, un Conservatoire, une ferme pédagogique réduite à un mini-zoo, et 3 allées-jardins suffisent à rendre le projet acceptable ? Il traduit la volonté d'éradication finale de tout ce qui résiste encore à la marchandisation de l'espace urbain dans ce secteur : nous le refusons.

3°) Pour un vrai débat

Après 10 ans d'études et 2 ans de black out, la municipalité fait de la concertation TGV pour imposer son projet. On peut lire, dans le dossier spécial du journal municipal consacré au projet MAP, cette phrase merveilleuse : "Pour Montreuil, qui pratique la citoyenneté, il ne peut y avoir de décisions sans que les remarques, les suggestions des Montreuillois ne viennent parfaire le projet présenté". Ce que confirme la maire adjointe chargée de l'urbanisme : "le but de ces concertations est d'intégrer toutes les remarques dans l'élaboration du projet, sans en modifier l'économie générale" (Catherine Puig, le 19/05). Cette concertation dirigiste reste loin d'un débat démocratique et encore moins d'un projet co-élaboré avec les habitants. La méthode de la municipalité est une fois de plus à l'opposé de la charte municipale. Aucun choix réel n'est proposé aux habitants. Aucune autre possibilité d'aménagement n'est évoquée, notamment l'orientation alternative (faire revivre cette zone par la mise en valeur de son passé horticole) défendue depuis 10 ans par les écologistes. La communication des études qui ont servi à l'élaboration du projet, et qui sont censées le justifier, a été refusée par le maire (la commission d'accès aux documents administratifs a été saisie). Aucune argumentation, étayée par des études, n'est avancée par la municipalité pour justifier que l'aménagement proposé soit le seul à être économiquement viable.

La municipalité est juge et partie : concepteur, aménageur et organisateur du débat, qui ne peut être démocratique et impartial. Nous demandons qu'une "commission pour le débat public", soumette plusieurs options aux habitants et prenne en charge l'organisation de ce débat.

4°) Pour un projet alternatif

Depuis longtemps des idées directrices pour un aménagement sauvegardant les murs avec leur espace, faisant revicre cette zone ont été proposées à la ville. Elle a toujours refusé de les prendre en compte et d'en étudier la faisabilité, elle a toujours refusé de les soumettre au choix des habitants.

Nous proposons un aménagement s'inspirant de la démarche du développement durable : nous sommes convaincus de l'importance de maintenir des zones non-urbanisées (naturelles, sauvages, agricoles) au coeur des habitats déjà denses, quand de telles zones existent encore. Elles sont un atout pour les équilibres urbains dans une ville, pour tout ce qui concerne les représentations culturelles de ses habitants, leur perception de la nature et de la culture.

Pour faire revivre ce secteur, pour le rendre attarctif sans se contenter de le réduie à un musée, nous proposons de l'aménager effectivement rapidement, de l'habiter et de l'ouvrir, d'y développer un véritable projet social et culturel. Habiter ce secteur n'est pas synonyme d'urbanisation, de dislocation de l'espace par des voiries. Le défi posé est de le faire sans détruire ce qui en fait son caractère unique et magique, ce qui constitue au contraire autant d'atouts pour son aménagement. On peut partir de son aspect patrimonial (les murs, le système horticole, l'imaginaire et la dimension culturelle) sans le réduire à un musée (conservatoire, écomusée, etc.) et sans pouvoir revenir, pour l'essentiel, à la culture des pêches et des fruits. A ces atouts va s'ajouter dans quelques années un nouvel atout : l'arrivée du tramway et la suppression partielle de la coupure du secteur par l'autoroute.

Pour "habiter" ce secteur, et principalement son coeur où les murs existent le plus, on peut donner la priorité à des jardins familiaux(au moins doubler ce qui existe aujourd'hui); installer un écomusée (murs de démonstration, conservatoire des instruments et traditions, productions horticoles symboliques) avec des sentiers de découverte du site et du système de production; inclure des espaces naturels et de promenade; promouvoir 2 ou 3 exploitations horticoles (privées), pour des productions à forte valeur ajoutée; conserver les allées-jardins du projet municipal.

Habiter ce secteur, c'est aussi maintenir sur place le millier d'habitants qui y vivent, maintenir les pavillons existants; reloger sur place, sous une forme adaptée, les populations d'origine tsigane qui y sont installées; faire venir des artistes et artisans. "Ouvrir", c'est aussi définir un projet social en direction des habitants des cités avoisinantes : jardins d'insertion, jardins familaux, promenades, petits immeubles collectifs proches du tram, et surtout, une régie de quartier pour entretenir les espaces naturels, restaurer et entretenir les murs, aider les jardins familiaux, en articulation avec un Conservatoire. L'aménagement doit produire du "lien social", et non pas être source de conflits, comme actuellement, ou avec les projets de lotissements. "Ouvrir", c'est également faire venir Montreuillois, Franciliens et autres dans ce secteur magique, en développant l'écotourisme (merci le tram).

Pour ce faire, pourquoi ne pas conserver autour de 25 ha non-urbanisés, principalement au coeur de la zone, pour préseerver l'effet-masse. En partant du projet municipal, cela revient à supprimer l'extension de la ZI Saint-Antoine et les 250 pavillons du coeur du secteur, à remplacer en conséquence une partie des activités proposées en périphérie par des ateliers d'artistes et des pavillons. Les 20ha de propriété publiques (50% de la zone urbanisable) permettent de limiter le coût de la charge foncière. Des aides spécifiques (régionales, étatiques, européennes) pour l'horticulture et les espaces naturels en zone urbanisée existent : le projet municipal actuel ne permet guère d'y avoir accès.

5°) Pour des mesures d'urgence

"Si rien n'est rien n'est fait rapidement, les MAP sont appelés à disparaitre car ils sont très fragiles" (Mr Brard, 16/05). On ne saurait mieux reconnaitre la nécessté d'une intervention forte et immédiate, et non seulement d'un aménagement s'étalant sur 20 ou 30 ans. Cela fait bien trop longtemps que ce secteur est largement abandonné par les pouvoirs publics. Les arrêtés municipaux et préfectoraux ne sont pas appliqués. Les habitants demandent un plan d'urgence, notamment l'ouverture de l'impasse Saint-Antoine, le départ des entreprises nuisantes, une présence accrue de travailleurs sociaux, et l'application des arrêtés.