Elections municipales de mars 2001 - Montreuil (Seine Saint Denis)
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Sécurité

 

I Pour en finir avec la tolérance zéro :
· La criminalité à baissé de 16% durant les 36 mois qui ont précédé l'arrivée de Rudolf Giuliani (fils, neveu et cousin de mafiosi, et " inventeur " de la tolérance zéro) à la mairie de New York. Dinkins, son prédécesseur, avait au contraire favorisé une politique de prévention et cadré sérieusement l'action policière. La question se pose : y a-t-il une corrélation réelle entre l'action des deux maires et la baisse de la criminalité ?
· De l'avis de bon nombre d'analystes, partisans de la tolérance zéro compris, le retour à un niveau de criminalité proche de celui du milieu des années soixante à New York est le résultat de plusieurs facteurs : 1) la politique de David Dinkins et de son adjoint à la sécurité Lee Brown (rescolarisation des délinquants juvéniles potentiels, embauche et formation de 3.000 policiers et renvoi dans la rue de plusieurs centaines de gratte-papier) ; 2) baisse du chômage ; 3) stagnation du marché du crack ; et 4) évolution démographique.
· A New York, conséquence directe du rôle de cow-boy défenseur de la loi et de l'ordre qu'on fait jouer à la police, le nombre de plaintes enregistrées pour brutalité policière a augmenté de 41% depuis l'arrivée de Giuliani à la mairie. Trois quarts de ces plaintes sont déposées par des noirs et des hispaniques, contre une police essentiellement blanche. En 99, la ville de New York a versé 24 millions de dollars aux victimes de brutalités policières.
· Après sept ans de tolérance zéro et de débordements policiers, la population new-yorkaise reconnaît de moins en moins la légitimité de l'action de sa police.
· Le nombre de détenus a triplé depuis 1985, à plus de 1,6 million aujourd'hui, dont un tiers de la population masculine noire de moins de 25 ans du pays.

Le contre-exemple
Un seul suffit à prouver que la théorie est fausse… même s'il en existe en fait de nombreux
A New Haven, l'une des villes américaines les plus touchées, une chute tout aussi brutale de la criminalité a été observée. Elle fait suite à la mise en œuvre d'une politique radicalement opposée à la tolérance zéro :
· Concertation entre la police et la population sur la définition des priorités d'action.
· Coordination entre les services de police et les services sociaux dans le sens d'une orientation des victimes vers les services appropriés (et non pas d'une utilisation des services sociaux comme sources de renseignement).
· Formation des policiers par des conciliateurs et des médiateurs.
· Formation de trois mois, pour tous les policiers, sur le développement social de l'enfant.
· Recrutement de policiers dans les quartiers.
· Adoption de la devise : Policier, traite ceux à qui tu as affaire comme tu voudrais qu'ils te traitent.
· Contrôle du circuit de vente des armes de poing.

II Une transposition abusive
Aux Etats-Unis, la tolérance zéro a été mise en place au niveau municipal. Son exploitation politique en France vise à faire porter sur les maires la responsabilité de la sécurité de leurs concitoyens. Or, bien qu'officiers de police judiciaire, le maire et ses adjoints ne disposent, fort heureusement, pas des moyens légaux qui leur permettraient d'entreprendre une lutte purement locale contre la criminalité. Notre police et notre justice étant nationales, c'est donc bien l'état qui assume cette responsabilité dans notre pays.
D'où un double discours de la droite et des apprentis dictateurs populistes prétendument au-dessus des partis. Au niveau national, la politique laxiste de la gauche est responsable de l'augmentation de la criminalité. La police et la justice n'ont pas assez de moyens. Au niveau municipal, les maires de gauche ne s'occupent pas assez du souci numéro un de leurs concitoyens. D'ailleurs, ils n'en parlent que rarement. Les maires de droite qui visent à les remplacer résoudront une bonne partie des problèmes en prenant les choses en main et en créant - à contre cœur, contraints et forcés par l'incurie du gouvernement - leur propre milice, pardon police, pour assurer enfin la sécurité des personnes et des biens.
Dans les deux cas, un raisonnement simpliste et abusif. La droite fait de la criminalité une affaire d'homme (surtout pas de femme), d'autorité, presque de paternité, jamais en tout cas une affaire de classe et encore moins de lutte des classes. Elle confond joyeusement les effets et les causes.

La sécurité, un thème de campagne ?
Si la gauche ne fait jamais de la sécurité un thème de campagne électorale, c'est parce qu'elle sait instinctivement, un instinct confirmé par l'analyse historique et sociologique, que la criminalité est la conséquence directe de problèmes économiques et urbanistiques.
Elle n'est responsable ni de l'urbanisation délirante des années 60 et 70, ni de la crise économique et du chômage, orchestrés par des apprentis sorciers en mal de profits. Elle sait que notre société est violente envers ses membres, qu'il n'est pas possible d'attendre de celui à qui tout droit est nié - pas plus que de ses enfants - qu'il se connaisse encore des devoirs. Elle sait que réprimer, c'est réprimer les désordres engendrés par le chômage et la pauvreté. C'est pénaliser, au sens du pénal, la pauvreté. Nos anciens le savaient qui, dans un Paris du XIXème contaminé par un niveau de criminalité dont nous sommes sans doute loin aujourd'hui, se battaient pour le droit au travail ; pas pour un pseudo-droit à la sécurité. Aujourd'hui, nous nous devons d'instaurer une politique de lutte contre l'insécurité économique et de réduction des inégalités sociales.
De tous temps, la délinquance a existé à Paris et dans sa banlieue. Il suffit de voir les photos de "voyous" parisiens du dix-neuvième siècle pour voir combien ils essaient de faire peur en prenant des mines patibulaires et en inclinant au maximum leur casquette - déjà - sur la tête.

Qui sont les délinquants ?
Ce ne sont pas " les autres, ceux d'ailleurs, les manouches ou les jeunes des cités ". Ce sont nos voisins, ceux avec qui nous partageons la ville, nos " jeunes ", nos enfants. Il n'y a pas de nature délinquante de l'individu, il y a une forme de rébellion contre la société, contre les pouvoirs, contre les contraintes, pour l'affirmation d'un soi autre qui prend la voie/x et la forme, à un moment donné, de la délinquance. Tous nous savons qu'une fois cette voie choisie, plus ou moins librement, plus ou moins sous l'influence de l'entourage, il y a spirale et qu'il est très difficile d'en sortir. Beaucoup d'entre nous sommes des enfants des banlieues, de l'avant-guerre ou de l'après-guerre, des années 60, 70, 80 même. Tous, ou presque, nous avons été confrontés à des tentations de délinquance, tous ou presque nous aurions pu plonger. Et quelque chose nous en a empêché. Quelque chose ou même plus souvent quelqu'un. Notre action se doit d'être ce quelqu'un qui empêchera notre jeunesse, si ce ne sont pas nos enfants, ce sont les enfants de nos voisins, de nos amis, de plonger. Nous voulons que s'arrête la stigmatisation permanente que subissent les jeunes de notre banlieue (voir en ce sens nos propositions sur la politique "Jeunesse"). Un programme ambitieux, sans doute… Mais nous pensons que les propositions qui suivent, pour modestes qu'elles puissent paraître, contribueront à améliorer la situation.

Le problème de la sécurité revêt en fait une double nature : criminalité et sentiment d'insécurité. Nous tentons ici de répondre à ces deux aspects.

III Criminalité
Lutte contre la violence économique et sociale
La misère est la cause principale de la criminalité, du fait de la rupture des liens sociaux qu'elle entraîne. Pour lutter contre cette rupture, la ville doit :
· Mettre en place une politique permettant la concrétisation du droit au logement et du droit au travail.

Réparation du sujet
Si la capacité de révolte est éminemment positive, le passage à l'acte destructeur et auto-destructeur ne l'est certainement pas. Toujours, les délinquants ou pré-délinquants appellent à l'aide et souhaitent eux-mêmes que les situations de tension ne perdurent pas.
· La ville doit favoriser la coordination des acteurs sociaux pour que le sujet soit considérer dans son ensemble dans le processus de réparation : il ne peut y avoir de lien pour le sujet, et donc de réparation, que s'il existe un lien entre les acteurs sociaux.

Conventions ville/services de l'état
La lutte contre la criminalité est une mission de l'état. Par contre, depuis la loi de décentralisation, la prévention est du ressort du conseil général, qui, en l'absence de tout contrôle sur l'utilisation des fonds publics mis à sa disposition, n'a pas daigné mettre en œuvre les moyens nécessaires à une politique de prévention digne de ce nom. Face à l'insuffisance des moyens, la ville peut et doit :
· Conclure des conventions avec la justice et la police de manière à mettre des moyens (locaux, équipements…) à leur disposition.
· Contractualiser par ces conventions les attentes de la population.
· Obtenir du conseil général des moyens humains et financiers.
· Elaborer et signer une Charte de qualité avec la police, avec intégration au commissariat et à ses annexes de médiateurs et d'observateurs civils.

 

 

Contrat Local de Sécurité
Le Contrat Local de Sécurité (CLS) actuel est axé sur la fermeture (le terme revient à longueur de page) et la répression. Il qualifie les politiques de prévention " d'impasses niant le continuum éducation, prévention, insertion, sanction. " Un continuum présenté comme une évidence naturelle et donc impossible à remettre en cause. Le CLS se garde toutefois bien d'expliquer comment la menace de la peine, dans un monde où le pas vu pas pris est valorisé à longueur de temps de manière implicite (et parfois de manière explicite, jusqu'aux plus hautes couches de notre société), n'a pas permis encore de résoudre les problèmes. Les prisons sont pleines. Alors l'incarcération a-t-elle jamais convaincu qui que ce soit de ne pas recommencer ? Ca se saurait et surtout, ça se verrait !
· Le Contrat Local de Sécurité doit être transformé et résolument orienté vers la prévention.
· Il doit mieux organiser le partenariat entre l'état, la police, la justice et ses services connexes comme la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse), le service d'aide aux victimes, la ville et son tissu associatif, en créant un réseau respectueux des compétences de chacun.

Conseil Communal de Prévention de la Délinquance
· Redynamiser le CCPD en y intégrant les conseils de quartier
· Dans le cadre du CCPD, favoriser, encourager et encadrer les initiatives de médiation sociale et d'éducation à la résolution non-violente des conflits et à la citoyenneté. Favoriser les relais, lorsqu'ils s'avèrent nécessaires, auprès des professionnels de l'éducation, du secteur sanitaire et social ou de la justice.

IV Sécurité
La lutte contre le sentiment d'insécurité relève quant à elle beaucoup plus des missions de la ville.

Création d'un service de relation d'aide polyvalent.
· Aide aux victimes. Avec, quel que soit le préjudice subi, insulte, agression, cambriolage ou autre, écoute, prise en compte de la situation, aide directe de la ville ou orientation vers des services spécialisés.
· Aide dès l'école. Les enfants en difficulté doivent pouvoir bénéficier du système de relation d'aide qui forme le cœur de l'action municipale.
· Aide aux parents. Quelles que soient leurs difficultés, les parents doivent être écoutés et éventuellement conseillés. Ils doivent aussi pouvoir entendre quels sont leurs droits et leurs devoirs.

Maisons de quartier, de justice et de droit
Pour lutter contre le repli sur une sphère privée subie et non choisie, la ville doit :
· Créer en liaison avec l'état et le conseil général des maisons de justice et de droit, liées ou intégrées physiquement aux maisons de quartier.
· Encourager la création de lieux de vie et de rencontre pour tous, cafés, commerce, des lieux ouverts le soir, éclairés, et qui ne laissent pas de place au désert des dalles de nos grands ensembles. Les mètres carrés sociaux existent, construits de par la loi par les bailleurs sociaux. Mais la mairie (comme la plupart des mairies) ne sait pas les gérer. Il suffirait pourtant souvent d'être à l'écoute des projets des associations et de leur donner un petit coup de pouce. Il existe bien des associations capables de fonctionner à la frontière des cultures et des origines. Leurs initiatives doivent être encouragées, sans l'a priori paranoïaque qu'exprime en général dans ses contacts avec la population une municipalité toujours obnubilée par sa réélection.
· Développer les Lieux Ecoute Accueil (LEA), où l'on puisse s'exprimer et instaurer le dialogue au sein, par exemple, de groupes de paroles. Déconcentrer la Mission Locale.
· Embaucher une équipe d'éducateurs de rue rattachés aux maisons de quartier et aux espaces à usage collectif.

Education nationale
· Aider les initiatives des enseignants et parents, dans le cadre des projets d'école ou non, allant dans le sens d'une sensibilisation aux droits et devoirs de l'individu dans la société.
· Rester vigilant par rapport à l'application des circulaires impliquant les ministères de la justice, de l'éducation et de l'intérieur, en luttant systématiquement contre les dérives répressives (intervention policière sur simple signalement d'incident par un principal de collège, par exemple).

Entretien de la voirie et des bâtiments municipaux
Pour lutter contre le sentiment d'abandon ressenti par la population, la ville doit :
· Réagir très vite aux dégradations et incivilités par une brigade d'entretien spécialisée intervenant systématiquement sur l'ensemble de la ville pour assurer une qualité supérieure du cadre de vie.
· Réaménager au besoin les espaces publics et privés à usage collectif.

 

Ces engagements ne constituent qu'une partie de notre projet. Pour en discuter, pour les mettre en œuvre, pour approfondir cette politique, nous avons besoin de vos idées et de vos expériences. Venez en discuter avec nous.