|
||
![]() |
Avec les Verts Montreuil Ville Ouverte démocratie et solidarité au quotidien |
I Pour en finir avec la tolérance zéro
:
· La criminalité à baissé de 16% durant
les 36 mois qui ont précédé l'arrivée
de Rudolf Giuliani (fils, neveu et cousin de mafiosi, et "
inventeur " de la tolérance zéro) à
la mairie de New York. Dinkins, son prédécesseur,
avait au contraire favorisé une politique de prévention
et cadré sérieusement l'action policière.
La question se pose : y a-t-il une corrélation réelle
entre l'action des deux maires et la baisse de la criminalité
?
· De l'avis de bon nombre d'analystes, partisans de la
tolérance zéro compris, le retour à un niveau
de criminalité proche de celui du milieu des années
soixante à New York est le résultat de plusieurs
facteurs : 1) la politique de David Dinkins et de son adjoint
à la sécurité Lee Brown (rescolarisation
des délinquants juvéniles potentiels, embauche et
formation de 3.000 policiers et renvoi dans la rue de plusieurs
centaines de gratte-papier) ; 2) baisse du chômage ; 3)
stagnation du marché du crack ; et 4) évolution
démographique.
· A New York, conséquence directe du rôle
de cow-boy défenseur de la loi et de l'ordre qu'on fait
jouer à la police, le nombre de plaintes enregistrées
pour brutalité policière a augmenté de 41%
depuis l'arrivée de Giuliani à la mairie. Trois
quarts de ces plaintes sont déposées par des noirs
et des hispaniques, contre une police essentiellement blanche.
En 99, la ville de New York a versé 24 millions de dollars
aux victimes de brutalités policières.
· Après sept ans de tolérance zéro
et de débordements policiers, la population new-yorkaise
reconnaît de moins en moins la légitimité
de l'action de sa police.
· Le nombre de détenus a triplé depuis 1985,
à plus de 1,6 million aujourd'hui, dont un tiers de la
population masculine noire de moins de 25 ans du pays.
Le contre-exemple
Un seul suffit à prouver que la théorie est fausse
même s'il en existe en fait de nombreux
A New Haven, l'une des villes américaines les plus touchées,
une chute tout aussi brutale de la criminalité a été
observée. Elle fait suite à la mise en uvre
d'une politique radicalement opposée à la tolérance
zéro :
· Concertation entre la police et la population sur la
définition des priorités d'action.
· Coordination entre les services de police et les services
sociaux dans le sens d'une orientation des victimes vers les services
appropriés (et non pas d'une utilisation des services sociaux
comme sources de renseignement).
· Formation des policiers par des conciliateurs et des
médiateurs.
· Formation de trois mois, pour tous les policiers, sur
le développement social de l'enfant.
· Recrutement de policiers dans les quartiers.
· Adoption de la devise : Policier, traite ceux à
qui tu as affaire comme tu voudrais qu'ils te traitent.
· Contrôle du circuit de vente des armes de poing.
II Une transposition abusive
Aux Etats-Unis, la tolérance zéro a été
mise en place au niveau municipal. Son exploitation politique
en France vise à faire porter sur les maires la responsabilité
de la sécurité de leurs concitoyens. Or, bien qu'officiers
de police judiciaire, le maire et ses adjoints ne disposent, fort
heureusement, pas des moyens légaux qui leur permettraient
d'entreprendre une lutte purement locale contre la criminalité.
Notre police et notre justice étant nationales, c'est donc
bien l'état qui assume cette responsabilité dans
notre pays.
D'où un double discours de la droite et des apprentis dictateurs
populistes prétendument au-dessus des partis. Au niveau
national, la politique laxiste de la gauche est responsable de
l'augmentation de la criminalité. La police et la justice
n'ont pas assez de moyens. Au niveau municipal, les maires de
gauche ne s'occupent pas assez du souci numéro un de leurs
concitoyens. D'ailleurs, ils n'en parlent que rarement. Les maires
de droite qui visent à les remplacer résoudront
une bonne partie des problèmes en prenant les choses en
main et en créant - à contre cur, contraints
et forcés par l'incurie du gouvernement - leur propre milice,
pardon police, pour assurer enfin la sécurité des
personnes et des biens.
Dans les deux cas, un raisonnement simpliste et abusif. La droite
fait de la criminalité une affaire d'homme (surtout pas
de femme), d'autorité, presque de paternité, jamais
en tout cas une affaire de classe et encore moins de lutte des
classes. Elle confond joyeusement les effets et les causes.
La sécurité, un thème
de campagne ?
Si la gauche ne fait jamais de la sécurité un thème
de campagne électorale, c'est parce qu'elle sait instinctivement,
un instinct confirmé par l'analyse historique et sociologique,
que la criminalité est la conséquence directe de
problèmes économiques et urbanistiques.
Elle n'est responsable ni de l'urbanisation délirante des
années 60 et 70, ni de la crise économique et du
chômage, orchestrés par des apprentis sorciers en
mal de profits. Elle sait que notre société est
violente envers ses membres, qu'il n'est pas possible d'attendre
de celui à qui tout droit est nié - pas plus que
de ses enfants - qu'il se connaisse encore des devoirs. Elle sait
que réprimer, c'est réprimer les désordres
engendrés par le chômage et la pauvreté. C'est
pénaliser, au sens du pénal, la pauvreté.
Nos anciens le savaient qui, dans un Paris du XIXème contaminé
par un niveau de criminalité dont nous sommes sans doute
loin aujourd'hui, se battaient pour le droit au travail ; pas
pour un pseudo-droit à la sécurité. Aujourd'hui,
nous nous devons d'instaurer une politique de lutte contre l'insécurité
économique et de réduction des inégalités
sociales.
De tous temps, la délinquance a existé à
Paris et dans sa banlieue. Il suffit de voir les photos de "voyous"
parisiens du dix-neuvième siècle pour voir combien
ils essaient de faire peur en prenant des mines patibulaires et
en inclinant au maximum leur casquette - déjà -
sur la tête.
Qui sont les délinquants ?
Ce ne sont pas " les autres, ceux d'ailleurs, les manouches
ou les jeunes des cités ". Ce sont nos voisins, ceux
avec qui nous partageons la ville, nos " jeunes ", nos
enfants. Il n'y a pas de nature délinquante de l'individu,
il y a une forme de rébellion contre la société,
contre les pouvoirs, contre les contraintes, pour l'affirmation
d'un soi autre qui prend la voie/x et la forme, à un moment
donné, de la délinquance. Tous nous savons qu'une
fois cette voie choisie, plus ou moins librement, plus ou moins
sous l'influence de l'entourage, il y a spirale et qu'il est très
difficile d'en sortir. Beaucoup d'entre nous sommes des enfants
des banlieues, de l'avant-guerre ou de l'après-guerre,
des années 60, 70, 80 même. Tous, ou presque, nous
avons été confrontés à des tentations
de délinquance, tous ou presque nous aurions pu plonger.
Et quelque chose nous en a empêché. Quelque chose
ou même plus souvent quelqu'un. Notre action se doit d'être
ce quelqu'un qui empêchera notre jeunesse, si ce ne sont
pas nos enfants, ce sont les enfants de nos voisins, de nos amis,
de plonger. Nous voulons que s'arrête la stigmatisation
permanente que subissent les jeunes de notre banlieue (voir en
ce sens nos propositions sur la politique "Jeunesse").
Un programme ambitieux, sans doute
Mais nous pensons que
les propositions qui suivent, pour modestes qu'elles puissent
paraître, contribueront à améliorer la situation.
Le problème de la sécurité revêt en fait une double nature : criminalité et sentiment d'insécurité. Nous tentons ici de répondre à ces deux aspects.
III Criminalité
Lutte contre la violence économique et sociale
La misère est la cause principale de la criminalité,
du fait de la rupture des liens sociaux qu'elle entraîne.
Pour lutter contre cette rupture, la ville doit :
· Mettre en place une politique permettant la concrétisation
du droit au logement et du droit au travail.
Réparation du sujet
Si la capacité de révolte est éminemment
positive, le passage à l'acte destructeur et auto-destructeur
ne l'est certainement pas. Toujours, les délinquants ou
pré-délinquants appellent à l'aide et souhaitent
eux-mêmes que les situations de tension ne perdurent pas.
· La ville doit favoriser la coordination des acteurs sociaux
pour que le sujet soit considérer dans son ensemble dans
le processus de réparation : il ne peut y avoir de lien
pour le sujet, et donc de réparation, que s'il existe un
lien entre les acteurs sociaux.
Conventions ville/services de l'état
La lutte contre la criminalité est une mission de l'état.
Par contre, depuis la loi de décentralisation, la prévention
est du ressort du conseil général, qui, en l'absence
de tout contrôle sur l'utilisation des fonds publics mis
à sa disposition, n'a pas daigné mettre en uvre
les moyens nécessaires à une politique de prévention
digne de ce nom. Face à l'insuffisance des moyens, la ville
peut et doit :
· Conclure des conventions avec la justice et la police
de manière à mettre des moyens (locaux, équipements
)
à leur disposition.
· Contractualiser par ces conventions les attentes de la
population.
· Obtenir du conseil général des moyens humains
et financiers.
· Elaborer et signer une Charte de qualité avec
la police, avec intégration au commissariat et à
ses annexes de médiateurs et d'observateurs civils.
Contrat Local de Sécurité
Le Contrat Local de Sécurité (CLS) actuel est axé
sur la fermeture (le terme revient à longueur de page)
et la répression. Il qualifie les politiques de prévention
" d'impasses niant le continuum éducation, prévention,
insertion, sanction. " Un continuum présenté
comme une évidence naturelle et donc impossible à
remettre en cause. Le CLS se garde toutefois bien d'expliquer
comment la menace de la peine, dans un monde où le pas
vu pas pris est valorisé à longueur de temps de
manière implicite (et parfois de manière explicite,
jusqu'aux plus hautes couches de notre société),
n'a pas permis encore de résoudre les problèmes.
Les prisons sont pleines. Alors l'incarcération a-t-elle
jamais convaincu qui que ce soit de ne pas recommencer ? Ca se
saurait et surtout, ça se verrait !
· Le Contrat Local de Sécurité doit être
transformé et résolument orienté vers la
prévention.
· Il doit mieux organiser le partenariat entre l'état,
la police, la justice et ses services connexes comme la PJJ (protection
judiciaire de la jeunesse), le service d'aide aux victimes, la
ville et son tissu associatif, en créant un réseau
respectueux des compétences de chacun.
Conseil Communal de Prévention de la Délinquance
· Redynamiser le CCPD en y intégrant les conseils
de quartier
· Dans le cadre du CCPD, favoriser, encourager et encadrer
les initiatives de médiation sociale et d'éducation
à la résolution non-violente des conflits et à
la citoyenneté. Favoriser les relais, lorsqu'ils s'avèrent
nécessaires, auprès des professionnels de l'éducation,
du secteur sanitaire et social ou de la justice.
IV Sécurité
La lutte contre le sentiment d'insécurité relève
quant à elle beaucoup plus des missions de la ville.
Création d'un service de relation d'aide polyvalent.
· Aide aux victimes. Avec, quel que soit le préjudice
subi, insulte, agression, cambriolage ou autre, écoute,
prise en compte de la situation, aide directe de la ville ou orientation
vers des services spécialisés.
· Aide dès l'école. Les enfants en difficulté
doivent pouvoir bénéficier du système de
relation d'aide qui forme le cur de l'action municipale.
· Aide aux parents. Quelles que soient leurs difficultés,
les parents doivent être écoutés et éventuellement
conseillés. Ils doivent aussi pouvoir entendre quels sont
leurs droits et leurs devoirs.
Maisons de quartier, de justice et de droit
Pour lutter contre le repli sur une sphère privée
subie et non choisie, la ville doit :
· Créer en liaison avec l'état et le conseil
général des maisons de justice et de droit, liées
ou intégrées physiquement aux maisons de quartier.
· Encourager la création de lieux de vie et de rencontre
pour tous, cafés, commerce, des lieux ouverts le soir,
éclairés, et qui ne laissent pas de place au désert
des dalles de nos grands ensembles. Les mètres carrés
sociaux existent, construits de par la loi par les bailleurs sociaux.
Mais la mairie (comme la plupart des mairies) ne sait pas les
gérer. Il suffirait pourtant souvent d'être à
l'écoute des projets des associations et de leur donner
un petit coup de pouce. Il existe bien des associations capables
de fonctionner à la frontière des cultures et des
origines. Leurs initiatives doivent être encouragées,
sans l'a priori paranoïaque qu'exprime en général
dans ses contacts avec la population une municipalité toujours
obnubilée par sa réélection.
· Développer les Lieux Ecoute Accueil (LEA), où
l'on puisse s'exprimer et instaurer le dialogue au sein, par exemple,
de groupes de paroles. Déconcentrer la Mission Locale.
· Embaucher une équipe d'éducateurs de rue
rattachés aux maisons de quartier et aux espaces à
usage collectif.
Education nationale
· Aider les initiatives des enseignants et parents, dans
le cadre des projets d'école ou non, allant dans le sens
d'une sensibilisation aux droits et devoirs de l'individu dans
la société.
· Rester vigilant par rapport à l'application des
circulaires impliquant les ministères de la justice, de
l'éducation et de l'intérieur, en luttant systématiquement
contre les dérives répressives (intervention policière
sur simple signalement d'incident par un principal de collège,
par exemple).
Entretien de la voirie et des bâtiments
municipaux
Pour lutter contre le sentiment d'abandon ressenti par la population,
la ville doit :
· Réagir très vite aux dégradations
et incivilités par une brigade d'entretien spécialisée
intervenant systématiquement sur l'ensemble de la ville
pour assurer une qualité supérieure du cadre de
vie.
· Réaménager au besoin les espaces publics
et privés à usage collectif.
Ces engagements ne constituent qu'une partie de notre projet.
Pour en discuter, pour les mettre en uvre, pour approfondir
cette politique, nous avons besoin de vos idées et de vos
expériences. Venez en discuter avec nous.