Hypercentre : enquête balai

C'est en ces termes éminemment "positifs" que le maire avait présenté la tenue d'une enquête publique concernant l'hypercentre, lors de la délibération du Conseil municipal (le 27 mai 1999) autorisant son ouverture.

Il faut dire que tout le déroulement de cette enquête nous faisait retourner des années en arrière :
- une enquête en pleine vacances, de fin juin au 10 août; mais il paraît qu'elle a duré 6 semaines pour cela.
- un affichage sur les seuls panneaux proches du centre. Rien dans le journal municipal, sur le site internet ou sur la chaîne infographique de la ville.
- un dossier minimal (celui remis lors du Conseil du 27 mai), où l'étude d'impact (faite par un bureau d'études indépendant) n'est guère plus qu'une compilation des documents du service d'urbanisme; et où les tableaux financiers ne concernent que les expropriations et non l'opération dans son ensemble.
- une commissaire enquêtrice maugréant d'avoir eu à interrompre à trois reprises ses vacances sur la Côte d'Azur pour tenir des permanences, mais qu'il faut remercier d'avoir été (selon ses dires) la seule à accepter de se dévouer. Mais qui pense que le programme de l'opération est déjà dans le POS, que les dossiers ont été visés par la Préfecture, et qu'il n'y a pas matière à contester, sauf pour les personnes directement concernées par l'expropriation.

Les dossiers et l'argumentaire (sauf pour le volet financier) concernaient l'ensemble de l'opération avec la rhétorique habituelle de la Ville : rompre avec l'urbanisme de dalle, recoudre les quartiers, rénover le centre pour développer la périphérie de la ville, etc. C'était aussi le titre de l'enquête publique "opération coeur de ville". Mais la place réelle de l'enquête était bien celle assignée par le maire : balayer les dernières expropriations du centre commercial terminal 93, et celle concernant quelques "pieds de tour" de l'Urssaf. Au final, peu de gens se sont déplacés : le directeur de l'Urssaf pour fulminer contre les méthodes de la ville, VVV pour s'inquiéter des conséquences sur la circulation en vélo, deux architectes pour demander que l'on rende son talent à Siza, les Verts pour rappeler leurs critiques et leurs propositions pour l'hypercentre, et le collectif qui a remis les 272 pétitions signées en décembre-janvier derniers pour un véritable démocratique sur ce projet. À noter que la commissaire enquêtrice a fait quelques difficultés pour les accepter...

Bref, la totale du point de vue caricature de démocratie. Pas très publique cette enquête sur l'hypercentre. Et ce, pour le projet majeur de cette fin de siècle, dont l'avenir de Montreuil dépend pour 20 ou 30 ans, et, paraît-il, encensé par les professionnels. Rapport à l'automne.

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Article paru dans Le Poivron n°17, septembre 1999 - Dernière mise à jour de la page le 14 mai 2000