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 La municipalité presse le pas

Laborieusement, le dossier "hypercentre" avance. Un accord a été finalisé avec la RATP en décembre. L'accord avec l'Urssaf tarde, et seule une version préliminaire (prenant acte de l'état des négociations et des problèmes à régler) devrait être présentée au Conseil municipal de janvier (la ville prendra en charge les 4 millions de travaux à faire sur le bâtiment de l'Urssaf). Ces deux accords étaient des réserves suspensives figurant dans le rapport de l'enquête publique. Sans accords, pas d'utilité publique pour l'opération... La troisième réserve concernait l'équilibre financier.

Travaux annoncés dans l'hypercentre

Un bilan prévisionnel incluant les démolitions a été présenté en décembre au Bureau municipal, lors du grande messe avec l'architecte Siza. La même grand-messe a été promise par le maire pour un prochain Conseil municipal en conclusion du processus décisionnel, qui aura ainsi à connaître pour la première fois de l'ensemble du projet de rénovation de l'hypercentre, quand tout sera bouclé.

En attendant le Conseil de janvier va vendre les terrains à la société SOPIC, l'aménageur. Et il va confier la maîtrise d'oeuvre pour le programme des démolitions au Bureau d'études Bérim, qui touchera 1,5 millions de francs pour ce faire sur les 15 MF du coût total des démolitions. Le Bérim est tout sauf inconnu à Montreuil. Il s'agit du principal bureau d'études lié au PC, travaillant prioritairement avec les municipalités dirigées par le PC. De plus, son siège était à Montreuil jusqu'en 1995, quand il déménagea à Pantin avec les conséquences négatives sur "notre" taxe professionnelle. Plus drôle encore, le siège du Bérim était... dans une des deux tours de l'hypercentre, et son départ contribua à désertifier ces tours. Sans rancune aucune...

Propagande préélectorale pour l'hypercentre

Le Conseil municipal du 16 décembre 1999 a voté un "contrat de parrainage" et "une convention d'occupation du domaine public" avec une société de communication, URCOM. De quoi s'agit-il : cette société va organiser (en principe à partir du 15 janvier 2000) pour une durée minimum de deux ans et peut-être trois (couvrant donc toute la période électorale et davantage, pour ne pas laisser prise à l'accusation d'être une opération électorale) une exposition pour présenter (vendre ? vanter ?) les projets urbains de la ville. Cette exposition aura lieu sous un chapiteau (la tempête du siècle est derrière nous) en forme de tunnel, installé place Jean-Jaurès (le long de l'actuel TJS). Tout le monde a compris : ce n'est pas une exposition municipale, mais une exposition d'une société de communication qui veut du bien à la ville.
Pour cette exposition, URCOM pourra donc occuper gratuitement le domaine public pendant 3 ans : c'est l'objet de la convention. L'emprise au sol du "tunnel" est de l'ordre de 300m2, diminuant d'autant l'espace disponible pour les habitants place Jean-Jaurès. Si le domaine public utilisé par URCOM avait été facturé au prix que paient les cafés et restaurants pour installer une terrasse sur un trottoir, il en aurait coûté de l'ordre de 250000 francs par an : un cadeau des contribuables à URCOM.
Mais pour payer les expositions, vidéos et autres animations que l'on trouvera pendant trois ans sous ce tunnel, il faut aussi des sponsors, car l'entrée sera gratuite. Qui va payer ? Le "contrat de parrainage" apporte une première réponse : URCOM va bénéficier d'une première subvention municipale de 241000 francs sur le budget de 1999. Heureusement, nous ne sommes pas encore en période couverte par le contrôle des dépenses électorales. Mais, grâce à cette subvention, la ville "sera présente dans tous les documents et outils de communication réalisés par URCOM. Dans la structure qui abritera toute la communication, la ville disposera aussi d'une salle de rencontres, d'expositions et de projections" (texte de la délibération). Si l'on comprend bien, la ville met à la disposition d'URCOM un espace dont elle loue ensuite une partie...

Pour trois ans, cette somme sera sans doute insuffisante. On ne sait s'il y aura d'autres subventions municipales directes. Mais on peut faire confiance au service communication de la ville pour fournir de la matière. Dans la délibération votée le 16 décembre, il est ajouté que URCOM organise son exposition "sous le parrainage de plusieurs sociétés engagées à divers titres dans le développement urbain local". Si l'on comprend bien, les entreprises qui bénéficient des marchés de la ville pour ses projets urbains vont, elles aussi, "parrainer" (financer) la propagande de la ville. Où est l'éthique politique dans ce service "en retour" ?
Dans le même esprit, Montreuil Dépêche vient de publier fin décembre un "hors série" du journal municipal, intitulé "le coeur de ville, c'est parti" pour faire la réclame de la rénovation. Tous les habitants l'auront sous peu dans leur boîte-aux-lettres. Ce 24-pages, tiré à 47000 exemplaires, comporte 8 pages de publicité pour ces entreprises liées à l'immobilier et au bâtiment. Cela paie sans doute la propagande.

Jean Caille

Index du dossier Hypercentre


Article paru dans Le Poivron n°21, janvier 2000 - Dernière mise à jour de la page le 14 mai 2000