Avec les Verts Montreuil Ville Ouverte démocratie et solidarité au quotidien |
Cinq ans
après, où en est-on ? Les points forts La circulation Le
stationnement des voitures Les piétons
Le court terme La
participation Une révolution
culturelle reste à faire
Le conseil municipal du 21 mars doit discuter de la politique
sectorielle en matière de déplacements, un
document de 15 pages, qui a déjà fait l'objet
d'une présentation le 12 février lors d'un conseil
local de l'environnement. Les grandes déclarations de principe,
les coups de chapeau au projet urbain, les autofélicitations,
ne manquent pas, c'est la loi du genre, et l'image " écologiste
" du député maire est en jeu. Mais les propositions
concrètes laissent souvent à désirer. Extraits
et commentaires sur les forces et faiblesses de ce document.
En octobre 1996, alors adjoint aux transports et déjà
en conflit avec le maire, j'avais proposé un orientation
sectorielle sur les déplacements. Dans l'objectif de diminuer
la circulation automobile, elle proposait une double articulation
: développer les déplacements alternatifs et simultanément,
rendre plus défavorable le recours à la voiture
individuelle ; projets d'infrastructures (tramway
) pour
le long terme, et plan d'améliorations concrètes
pour le court terme, maîtrisable en propre par la ville,
avec un véritable engagement financier local, et appuyé
sur des comités d'usagers. Cette orientation fut refusée
par le maire et la municipalité : trop " anti-voitures
" et pas assez centrée autour du tramway (pourtant
largement déjà acquis à l'époque).
Il ne resta de ces propositions que l'adoption en 1997 du schéma
" réseau vert ", et l'embauche par la ville d'un
chargé de mission " déplacements " pour
une approche globale sur cette question, au contraire des techniciens
de la voirie (qui ont une culture technique de remplissage de
la voirie par des flux de circulation automobile).
Cinq ans après, où en est-on ?
Le document de la municipalité présente des points
de force importants : sur les transports collectifs, sur le développement
du vélo, et sur l'approche intercommunale des problèmes.
Il était difficile de faire moins après les victoires
de la gauche aux législatives de 97 et aux régionales
de 98 qui ont permis des avancées importantes dans les
politiques publiques (le PDU- plan de déplacements urbains
- de l'Île de France).
Mais il ne semble pas y avoir eu de rupture fondamentale : l'écart
reste considérable entre les affirmations de principe sur
la diminution de la voiture et les actions entreprises. La municipalité
reste pour l'essentiel dans l'idée (qui est celle de la
gauche depuis 30 ans) qu'il suffit de développer les transports
collectifs (auxquels le vélo est maintenant ajouté,
c'est un progrès) pour réduire l'usage de la voiture.
Les mesures pour rendre plus difficile l'usage de la voiture en
ville restent très secondaires, y compris par rapport aux
préconisations actuelles du PDU. Le choix est fait de ne
pas prendre des décisions claires sur la circulation et
le stationnement.
Les points forts
En ce qui concerne le vélo, le document reprend les engagements
contenus dans la " charte cyclable " entre l'association
Vivre en Vélo en Ville et la Ville de Montreuil, adoptée
fin décembre par le Conseil municipal, et dont la signature
effective a lieu le 30 mars : Le Poivron aura l'occasion d'en
reparler.
Pour les transports collectifs, les priorités sont la réalisation
du tramway, la mise en uvre du réseau principal de
bus " mobilien " (échéance 2006) constitué
par les lignes 115, 121 - prolongée jusqu'à Paris
-, 301 et 318, l'amélioration des lignes de bus régulières
RATP (129, 102, 122, 127, 124 et 322) (échéance
2006) et la création d'une nouvelle ligne de bus dans le
bas Montreuil (objectif de mise en service en 2002-2003). Le tramway
et le réseau " mobilien " sont déjà
contractualisés avec la RATP et tous les partenaires. Décrites
en détail dans le document, elles impliquent des contreparties
de la RATP (amélioration du services rendus aux habitants)
et de la Ville (aménagements de voiries, d'abribus, de
la gestion des feux, etc). C'est loin d'être négligeable,
y compris au niveau financier.
Comme actions complémentaires, la municipalité propose
une nouvelle ligne de bus dans le bas Montreuil, le renforcement
et l'amélioration des TACO's, l'instauration d'un "
ticket multimodal horaire " pour supprimer la pénalisation
provoquée par la zone 3 dans le haut Montreuil.
La mise en uvre concrète de ces projets dépend
encore de négociations à mener avec la RATP, ce
n'est donc pas acquis.
La circulation
Le document reconnaît que " le plan de circulation,
notamment en centre-ville, hérité des années
70, fait une large place à la circulation automobile (
).
Ces principales voies supportent les lignes du réseau de
bus et font aussi partie des liaisons majeures du réseau
vert. Leur configuration actuelle ne favorise pas la circulation
des bus et rendent très difficiles les déplacements
doux, effectués à pied ou à vélo ".
Il plaide pour un nouveau plan, sans remise en cause de l'existant
: la problématique des " avenues de contournement
" du centre ville, qui date aussi de cette période,
l'idée de fluidifier la circulation (même si on ajoute
maintenant qu'il s'agit d'abord de la circulation des bus). Cette
conception conduit à des rues " aspirateurs "
de voitures, et est à la base de la volonté (prudemment
passée sous silence dans le document, mais réaffirmée
récemment par le maire) de mettre la rue de Paris en sens
unique.
Rien de précis n'est proposé pour les aménagements
de sécurité routière aux abords des écoles
et sur les trajets des élèves.
Le stationnement des voitures
Le document reconnaît que " le stationnement est un
des leviers majeurs dont dispose la collectivité pour maîtriser
l'usage de l'automobile " et que la ville possède
deux outils essentiels en la matière : le Plan Local d'Urbanisme
(ex-POS) et les tarifs pour le stationnement public. Mais elle
ne s'en sert guère. Plutôt que de s'y confronter
concrètement, on évacue la contradiction entre diminuer
(et changer) l'offre de stationnement, ce qui est nécessaire
à la réduction de la circulation, et le laisser
faire en matière de nouvelles places de parkings et du
stationnement sauvage.
On envisage de mettre à l'étude l'introduction d'un
" plafond " dans le PLU pour limiter le nombre de places
de stationnement dans les nouvelles constructions bien desservies
par les transports collectifs. Certaines villes le font depuis
longtemps (Nantes), mais Montreuil avait refusé de le faire
lors de la révision du POS de 1998/99. En attendant, les
nouvelles places de parking ont fleuri, avec les voitures qui
vont avec.
Il n'y a rien sur les tarifs de stationnement. Pas question donc
de s'aligner sur la politique de stationnement à Paris,
qui offre depuis janvier 2002 des tarifs " résidents
" très bas pour encourager les habitants à
laisser leur voiture et qui a augmenté les tarifs pour
les autres. Pourtant, la proposition est sur la place publique
depuis un an, et le silence en ce cas vaut refus, et alignement
sur la M2S qui a peur de ne pouvoir remplir ses parkings.
On envisage toujours de nouveaux parkings (sous le marché
de la Croix de Chavaux), sans compensation systématique
de réduction des places offertes sur la voie publique.
Pour lutter contre le stationnement sauvage sur les trottoirs,
on envisage principalement un accord de répression avec
la police dans le cadre du Contrat Local de Sécurité,
complété par une meilleure signalisation des parkings
en ouvrage pour encourager les automobilistes à ne pas
stationner sur la voie publique.
Pas de plan de libération des trottoirs sur 3 ou 4 ans,
pas de campagne pédagogique (notamment dans les médias
municipaux) à l'instar de ce qui est fait sur les dépôts
sauvages de déchets, pas de programme de signalisation
su sol (peinture) des stationnements autorisés et interdits.
Toutes mesures simples et matérielles qui, mieux que la
répression, permettent d'organiser le stationnement en
défendant le droit des piétons à marcher
sur les trottoirs.
Les piétons
10 lignes sur 15 pages, deux fois moins que pour le stationnement
des vélos, la question n'intéresse guère
la municipalité. Certes, le document indique que "
la marche à pied est trop souvent oubliée dans les
aménagements de voirie. L'objectif est de maintenir et
développer sa pratique pour les déplacements courts
et de mieux l'intégrer aux problématiques de rabattement
vers les transports en commun ". Que la marche à pied
soit principalement envisagée sous l'angle du rabattement
vers les transports collectifs, c'est quand même le tout
petit bout de la lorgnette. Comment construire une politique des
déplacements en ville avec un présupposé
aussi faux ?
Pour le document, " une réflexion doit être
conduite " dans trois domaines : " offrir aux piétons,
sur les axes principaux, une largeur de 2 m minimum libre de tout
obstacle ; maintenir une continuité de cheminement sur
l'ensemble des rues, en luttant, notamment contre le stationnement
anarchique ; aménager et sécuriser les carrefours
en minimisant les temps de traversée, notamment sur les
trajets scolaires, en lien avec la politique de développement
des zones 30 ". Que d'audace dans la réflexion ! Et
dans le concret ?
Le court terme
On tisse des lauriers à la démarche du contrat de
plan État / Région qui programme jusqu'en 2006 (et
on prépare même le suivant qui ira jusqu'à
2012) la réalisation d'infrastructures, mais la municipalité
ne veut pas (est incapable de ?) mettre en uvre une procédure
identique pour la commune. Il n'y a pas d'engagements pluriannuels,
ni en terme d'actions concrètes, ni en terme de financements
locaux. Sauf pour le vélo et une partie des bus, tout repose
sur les grandes infrastructures à long terme, il n'y a
presque rien pour le quotidien des habitants d'ajourd'hui. que
va faire la municipalité en propre d'ici 2006 ? Où
sont passés l'action pour des " plans de déplacement
des employés " dans les principales entreprises de
la ville ?
Le document dit ouvertement que " la mise en uvre de
la politique des déplacements de Montreuil dépend
de la mobilisation des investisseurs sur les gros projets d'infrastructures
éligibles au contrat de plan, sur des partenariats dans
le cadre d'opérations d'aménagement urbain et de
réaménagement de voirie, sur des subventions et
sur des arbitrages internes ". Autant dire que, en 2002 comme
en 1996, les améliorations concrètes au quotidien
ne sont pas la priorité de la municipalité.
La participation
Comme toujours, elle est mise à la fin, dans la rubrique
" communication ". C'est réaliste, car c'est
la politique municipale réellement suivie. Autant dire
que ce n'est pas demain veille que la co-élaboration avec
les habitants et les usagers sera mis au cur d'une politique
sectorielle municipale. Une distinction est faite dans le document
entre co-élaboration (avec les associations " experts
") et concertation avec les habitants (pour que la démarche
soit partagée) : " Organiser la co-élaboration
avec les associations qualifiées " d'experts "
et la concertation avec les habitants (en s'appuyant sur les conseils
de quartier) suffisamment en amont pour aboutir à des démarches
comprises et partagées ". L'application proposée
pour ces idées est le PDU du bas Montreuil
, où
la participation est au point mort depuis un an.
Une révolution culturelle reste à faire
Le retard de Montreuil s'accroît. Les faiblesses (absences
de mesure fortes pour réduire la place de la voiture, pas
de plan ni d'engagements pluriannuels, peu de place pour la participation
des habitants) l'emportent sur les points forts. Et surtout, la
municipalité a raté le coche de repenser la politique
des déplacements (et au-delà son projet urbain)
autour de la place du piéton en ville. Une ville dense
comme Montreuil ne doit-elle pas être faite avant tout pour
les multiples déplacements des piétons : loisirs,
courses, promenade, esthétique, travail, démarches
administratives, école
?
Patrick Petitjean
Il comporte 8 parties : (1) enjeux et objectifs : vers une mobilité
durable (2) la circulation : un partage de la voirie plus équitable
(3) le stationnement : libérer l'espace public et limiter
l'usage de la voiture (4) les transports collectifs : améliorer
et développer l'offre (5) les " circulations douces
" : construire une alternative (6) les livraisons : favoriser
l'économie et réduire les nuisances (7) la communication
: créer des habitudes nouvelles (8) cadre financier de
mise en uvre